Disons le tout de go:
C’est notre conviction, les soins dentaires, en France, représentent en réalité certainement un des meilleurs rapports qualité-prix au monde. Peut-être même le meilleur! Les praticiens français (dans leur majorité), font même de très gros efforts pour continuer à rendre les soins accessibles.
Pourtant, cela est ressenti comme cher par une majorité de Français. Pourquoi?
Commençons par partager les actes que nous vous proposons au cabinet en 2 catégories: les actes opposables au tarif imposé par la loi (remboursés complètement par sécu+mutuelle ou par sécu seule) et les autres, soumis à des devis préalables.
Les premiers sont effectués sans devis (avec votre accord bien sûr ^^), et ont des tarifs bloqués depuis une quarantaine d’année (ou presque)! Oui, oui, quand le smic net était à 2500F mensuels (environ 375€), c’est ça!
Depuis, le coût de la vie a été multiplié par 3. Dans nos cabinets, tout a été aussi multiplié par 3: les loyers, les salaires (et c’est bien normal), les fournitures, l’électricité… En revanche les investissements ont, eux, explosé (radiographies – 55k€ pour notre dernier bijou, par exemple! -, stérilisation, informatique, fauteuils dentaires, appareils divers et variés qui n’existaient pas alors, formations obligatoires…), les normes et les responsabilités administratives aussi. Nos tarifs de soins opposables sont presque tous les plus faibles de l’OCDE, et de loin.
Par exemple, un panier de soins complet (radiologie, détartrage, extraction, consultation, dévitalisation, caries, urgences etc) revient à 853€ pour nous Français (44000$ de PIB / habitant), alors que dans le même temps il revient à 1714€ pour un Tchèque (18000$ de PIB / habitant)! A rémunération constante les soins sont donc 6 fois moins chers chez nous… cherchez l’erreur!
Tout ceci fait que ce premier type de soins -qui représente, au Bois d’Oingt, plus de 60% de nos rendez-vous- est effectué à perte.
Oui, c’est votre chirurgien-dentiste qui paie de sa poche votre soin dans plus de la moitié des cas. Nous ne vous disons pas ça pour faire pleurer dans les chaumières, nous vous le disons parce que c’est vrai.
Les seconds sont dans l’ensemble constitués par les prothèses (inlays, onlays, facettes, couronnes, appareils, stellites, bridges…), les implants, les actes de parodontologie (contre le déchaussement), les éclaircissements dentaires… Ils sont effectués après une présentation du plan de traitement, une période de réflexion, un consentement éclairé (recueilli oralement le plus souvent), et la signature d’un devis.
Ceux ci sont les seuls actes qui permettent de faire vivre tout le monde au cabinet. Les seuls. Le tarif de chacun de ces actes est calculé au plus juste pour payer les salaires, les Urssaf et les caisses de retraites, le laboratoire de prothèses, les fournisseurs, le loyer, les banques et assurances, les organismes divers aux cotisations obligatoires (Ordre, Expert-Comptable, PCR, avocats…) et bien sûr le salaire de votre praticien (eh oui!). Et ce n’est pas tout! Ils doivent nous permettre en outre d’assurer un fond qui nous permettra d’effectuer les futurs investissements. En effet, si habituellement les outils des professionnels de santé donnent lieu à la création de nouveaux actes et à de nouveaux remboursements et donc sources de revenus, ce qui est absolument normal -dialyses, radiologies…-, ce n’est quasiment jamais le cas pour vos dents! Par exemple, la caméra intrabuccale qui va nous permettre de prendre une empreinte optique à la place des gros portes-empreinte et du matériau qui sent le chewing-gum coûte entre 28000 et 50000 euros. Et elle ne rapporte pas un centime! Il faut donc que nous puissions économiser si nous voulons pouvoir vous faire profiter de cette petite merveille dans un avenir pas trop lointain.
Malgré cela, nos tarifs « libres » restent en dessous de ce qui se pratique dans les pays riches (USA, Suisse, Allemagne, Canada…) et sont tout à fait comparable avec ceux d’autres États bien moins fortunés que la France.
Les praticiens, ainsi que les techniciens de laboratoire (les prothésistes) font donc de gros efforts pour maintenir un bas coût de soins.
Alors, qu’est-ce qui cloche? Plus de la moitié des Français qui ont renoncé aux soins en 2015 l’ont fait pour des problèmes dentaires. Pire, plus de 30% de nos compatriotes ont renoncé à des soins l’an dernier, et ce pourcentage augmente chaque année (il était d’environ 15% en 2008). Que se passe-t-il?
Il se passe que les organismes obligatoires (Sécurité Sociale) et complémentaires (assureurs, mutuelles) n’assument pas leur rôle de financeur dans le dentaire. Malgré nos tarifs qui restent, on l’a vu, exceptionnellement bas. La part des ménages dans le financement des soins dentaires est de 30% et ne cesse d’augmenter, alors qu’elle est de moins de 10% pour l’ensemble des soins et biens médicaux. Et pourtant, la part des prélèvements obligatoires (pour financer, entre autres, la sécurité sociale) sur les salaires, pensions et retraites des Français est la plus élevée au monde… Et désormais, chaque salarié est obligé par la loi de contracter une complémentaire Santé… Sur les 50 milliards d’euros que touchent les assureurs et mutuelles, seuls 35 milliards sont redistribués vers la santé des Français. Que deviennent ces 15 milliards que nous payons tous? Quel est ce pays où l’on vient de rendre obligatoire une cotisation qui permet à des organismes financiers de prélever 15 milliards sur les ménages? Dans quel but? Espère-t-on que cela puisse mettre fin au renoncement aux soins? Tous les travaux sérieux sur le sujet ont montré que c’est totalement faux, les complémentaires santé des populations touchées par ce fléau n’étant généralement pas assez performantes. Alors, pourquoi?
Nous n’avons pas la réponse, bien sûr. Mais ce que nous constatons, comme vous, c’est effectivement que l’absence de remboursement correct des techniques que nous vous proposons, qui sont toutes validées scientifiquement, mène parfois, et même trop souvent, au renoncement.
Nous n’avons nous-même bien évidemment aucun intérêt à ce que vous renonciez aux soins… Bien au contraire!
Croyez-nous, nous en sommes les premiers concernés, et les premiers consternés. Et nous nous battons pour que cela change. En vain, pour l’instant.